Vers une unification de l'hydrologie des sols dans le modèle de surface continentale ORCHIDEE

A. Ducharne, M. Guimberteau, A. Campoy, J. Polcher, F. Cheruy, N. Vuichard, D. Solyga, F. Maignan, C. Ottlé, P. Peylin, M. Mancip, J. Ghattas

L'hydrologie des sols est un élément important des modèles de surface continentale, car elle contrôle les ressources en eau (débits, irrigation) et influence le fonctionnement de la végétation (photosynthèse, phénologie) ainsi que les flux turbulents échangés avec l'atmosphère, avec des rétroactions possibles sur le climat (températures et précipitations notamment) en mode couplé. Dans ce cadre, une question scientifique majeure concerne les temps de résidence de l'eau dans les sols et le sous-sol, dont dépendent la dynamique des rétroactions entre surface et atmosphère (effets mémoire/persistance), ainsi que la variabilité des débits (effets tampon). Le modèle ORCHIDEE de l'IPSL (Krinner et al., 2005) permet deux représentations assez différentes de l'hydrologie des sols. La première historiquement décrit le sol selon une approche conceptuelle à deux couches, qui ne produit des écoulements (runoff) que quand le sol est intégralement saturé. La seconde (de Rosnay et al., 2002 ; d'Orgeval et al., 2008) est à bases physiques et discrétise le sol en 11 couches pour résoudre l'équation de Richards, qui contrôle l'évolution du profil d'humidité et les flux d'eau verticaux, y compris le ruissellement et drainage à la base du sol. Pendant longtemps, ces deux paramétrisations ont été associées à des versions différentes d'ORCHIDEE, ce qui interdisait notamment d'utiliser l'hydrologie à bases physiques dans le modèle de climat de l'IPSL. Un gros effort de convergence a été mené depuis deux ans pour remédier à ce problème, et l'on dispose maintenant de deux versions ORC2 et ORC11 qui ne diffèrent que par l'hydrologie des sols, ce qui permet donc de les comparer dans un environnement numérique commun. Nous présenterons une synthèse de cette comparaison, avec des résultats en mode forcé et couplé, à l'échelle globale, régionale (Amazonie, Europe), et local (sites Fluxnet). En conclusion, nous présenterons les avantages conceptuels de la version à bases physiques, qui permet par exemple une meilleure comparaison avec les observations d'humidité de surface par télédétection, ainsi que d'aborder le couplage hydraulique du sol avec une nappe.