STATISTIQUES des CYCLONES de l'ATLANTIQUE (1966-2010)


Atlantique est ici compris comme toute la zone maritime de l'Océan Atlantique proprement dit, auquel on inclut la Mer des Caraïbes, appelée aussi Mer des Antilles, ainsi que le Golfe du Mexique.


Afin d'établir des statistiques fiables, bâties notamment à partir de l’utilisation opérationnelle de l’imagerie des satellites météos, nous prendrons 1966 comme année de début de statistiques avérées et validées.


Combien y a-t-il donc de cyclones chaque année en moyenne sur l'ensemble du bassin ? Remarquons, avant d'y répondre, que nous ne considérons dans cette petite étude que les seuls phénomènes ayant atteint le stade de tempête tropicale (vent soutenu supérieur à 63 km/h), qu'on appellera par abus de langage « cyclones  tropicaux », car nous ne pouvons raisonnablement comptabiliser les dépressions tropicales, systèmes de très faible intensité des vents, qu'on ne baptise d'ailleurs pas !


La moyenne des 45 dernières années est d'environ 11 phénomènes baptisés par an (10,7 pour être précis), dont 6 atteignent l'intensité d'ouragan. Mais on constate des différences énormes d'une année à l'autre, la variabilité inter-annuelle étant justement une caractéristique de ces statistiques. Ainsi, le nombre annuel a varié entre 4 et 27 ! L'année 1983 n'a connu que 4 cyclones : c'était une année pendant laquelle il y eut un épisode " El Niño " très prononcé, le plus fort du siècle probablement, alors que l'activité cyclonique vers la Polynésie était, à l'inverse, exceptionnellement importante durant l'hivernage 82 - 83. Et a contrario, l'année 2005 est une année record sur l'Atlantique (depuis même le début de la base de données officialisées il y a plus de 120 ans) avec ses 27 cyclones baptisés ! Remarquons que l’année 2010 est la 2° plus importante, à égalité avec 1995, concernant le nombre de phénomènes baptisés.
Si l'on ne considère que les seuls ouragans, dont la moyenne annuelle est de 6, la variabilité est tout aussi large : entre 2 en 1982 et 15 en 2005 !

 

 

Quand on étudie ce nombre de cyclones annuel, et même si on manque sérieusement de recul pour être plus affirmatif, on peut dégager une sorte de cycle plus ou moins régulier. Avant 1995 notamment, après 2 ou 3 années d'activité - plus de 11 cyclones par an - on observe souvent 2 à 4 années consécutives de moindre activité - moins de 8 par an -. Cette tendance est vérifiée aussi après 1995, même si les valeurs ont augmenté de manière significative. Elle est en grande partie à rapprocher de l'oscillation dite " E.N.S.O. " pour El Niño Southern Oscillation (cf rubriques " El Niño " ou " Prévisions à long terme "), phénomène ou anomalie climatique que l'on retrouve chaque 3 à 6 ans au large des côtes américaines de l'Océan Pacifique (du Pérou et du Chili), et qui a des répercussions globales dans la circulation générale des masses d’air. Mais ce paramètre n'est pas le seul à agir sur l'activité cyclonique, certaines équipes de chercheurs en proposent un certain nombre, qui sont étudiés chaque année et font l'objet de rapports, sortes de prévisions à longue échéance dont on parle ailleurs. D'autres " cyclonologues " attribuent également à l'activité solaire, dont le cycle est voisin de 11 ans, et à la variation thermohaline des océans (modification de la température et la salinité, ce qui influe directement sur la densité des eaux), dont le cycle serait de l'ordre de 25/30 ans environ, un rôle non négligeable sur le nombre de cyclones observés chaque année sur le globe …


Cette explication - modification sensible dans les courants thermohalines de l'Océan Atlantique depuis 1995 - est d'ailleurs retenue par de nombreux scientifiques pour justifier l'augmentation très sensible depuis cette date de l'activité cyclonique sur l'Atlantique, cette hausse se traduisant a contrario par une légère baisse du nombre de cyclones dans les autres bassins océaniques (océans Indien et Pacifique notamment). Ce qui maintient le nombre de cyclones dans le monde aux environs de 80/85 par an, et ce malgré le réchauffement climatique (pas d'augmentation globale de l'activité cyclonique avérée actuellement).


Bref, on le voit, les cycles et variations des différents paramètres atmosphériques, océaniques, voire astraux, ne manquent pas pour étudier cette variabilité de l'activité cyclonique. Le graphique illustre le nombre de tempêtes et d'ouragans recensés pour le large domaine de l'Atlantique, ainsi que l'évolution de la moyenne (sur 10 ans) du nombre total de cyclones (tempêtes + ouragans) : à noter que cette moyenne a augmenté de 8/9 environ dans les années 80 à 90, à plus de 14, presque 15 désormais.
Notons enfin que ces valeurs n'expriment qu'une partie seulement de l'activité cyclonique, car celle-ci ne se mesure pas uniquement à partir du nombre de phénomènes, mais aussi de leur intensité et de leur durée de vie, un cyclone vivant 10 jours étant potentiellement plus dangereux qu'un système n'existant que durant 2 ou 3 jours, à intensité égale.

© Météo France 2010