Le bilan chiffré de cette saison cyclonique 2000 indique (au 25 octobre) un total de 14 phénomènes baptisés, un peu supérieur aux prévisions de début d’année de l’équipe de William GRAY. Parmi eux, il y eut 8 ouragans, 3 pouvant être qualifiés d’intenses, 2 à des latitudes subtropicales au-delà du 25°Nord (ALBERTO, ISAAC), l’autre à proximité de l’Amérique Centrale (KEITH). Et l’on pourrait rajouter 4 dépressions tropicales classées, ce qui dénote d’une véritable activité tourbillonnaire de juin à octobre, et qui porte en fait le total à 18 vortex classés par le NHC de Miami, beaucoup n’ayant pas trouvé de conditions favorisant leur développement ...
Dépression tropicale
n°1 (7 et 8 juin) :
Formée à partir d’une onde tropicale ayant traversé
tout l’Atlantique tropical, du 23 mai au 6 juin, la 1ère dépression
tropicale de l’année est classée dans le sud du Golfe du
Mexique le 7 juin. Le lendemain, elle se dissipe sans avoir touché
de terres, sinon par quelques orages périphériques, sur le
Yucatan notamment.
(pression minimale 1008 hPa, vent maximum soutenu 50 km/h le 7)
Dépression tropicale
n° 2 (23 au 25 juin) :
Formée à partir d’un minimum de pression apparu le 22
juin à l’ouest des côtes africaines, la convection s’organise,
une dépression est nettement discernable sur les images satellite
dès le 23. A posteriori, le NHC reconnaît que le stade d’intensité
de tempête tropicale fut probablement atteint ce jour-là.
Pourtant, officiellement, elle n’est classée dépression n°2
que le 24, alors que le système commence déjà à
s’essoufler, dans son déplacement vers l’ouest le long du 10°Nord.
Elle se dissipe le lendemain vers le 40°Ouest. Digne d’intérêt,
elle est la plus orientale des dépressions tropicales formées
un mois de juin sur l’Atlantique …
(pression minimale 1006 hPa, vent maximum soutenu 55 km/h le 23)
Ouragan ALBERTO (4 au 23 août)
:
Après 6 semaines calmes (dont tout le mois de juillet), une
magnifique perturbation africaine, dont la structure tourbillonnaire existait
déjà le 30 juillet en plein continent, évolue en onde
forte en atteignant l’océan. Classée le 4 août juste
au SE des îles du Cap-Vert, cette dépression tropicale n°
3 devient vite tempête quelques heures plus tard et baptisée
ALBERTO. Elle suit un déplacement vers l’ouest-nord-ouest assez
régulier, atteint le stade d’ouragan en cours de journée
du 5. Il évite à plus de 1300 km l’arc antillais, puis remonte
vers le nord-ouest et s’affaiblit. Tempête tropicale le 9 au matin,
ALBERTO se renforce de nouveau le lendemain pour redevenir ouragan. Les
journées des 11 et 12 le voient s’intensifier brusquement et il
atteint la catégorie 3 de Saffir-Simpson, avec des vents voisins
de 200 km/h. Durant cette intensification, il passe à plus de 600
km à l’est des Bermudes, puis entame une trajectoire vers l’est-nord-est
en direction de l’Europe. Il exécute alors une large boucle du 13
au 21, loin à l’ouest de l’archipel des Açores, d’abord sous
forme de tempête du 14 au 18, puis de nouveau ouragan de classe 1
puis 2. Ce n’est que le 23, arrivant près du 55°Nord, pas très
loin de l’Islande finalement, qu’il perd ses caractéristiques tropicales,
après de nombreux jours au-dessus d’eaux froides … Avec près
de 20 jours de vie, il est répertorié comme le cyclone d’août
ayant vécu le plus longtemps, mais encore éloigné
du record tous mois confondus de GINGER et ses 30 jours en septembre 1971
…
(classe 3 : pression minimale 950 hPa, vent maximum soutenu 205 km/h
le 12)
Dépression tropicale
n° 4 (9 au 11 août) :
Une zone pluvio-orageuse de dimension modeste stagne à quelques
encablures de la Floride. Un avion de reconnaissance y distingue une circulation
cyclonique le 9. Le NHC la classe dépression tropicale n°4,
d’autant plus facilement qu’il envisage un déplacement vers les
côtes atlantiques de cet état. Mais finalement, elle reste
faible dépression, ne se rapproche pas à moins de 120 km
de Cap Canaveral, et se dissipe en fin de nuit du 11 au 12, reprise par
une perturbation de type barocline migrant vers le nord-est.
(pression minimale 1009 hPa, vent maximum soutenu 55 km/h le 9)
Tempête tropicale BERYL
(13 au 15 août) :
Formée à partir d’une zone dépressionnaire en
plein Golfe du Mexique, la dépression tropicale n° 5 est classée
dans la journée du 13 août. Se déplaçant vers
l’est en direction du nord du Mexique, elle a le temps de devenir tempête,
prénommée BERYL. Elle atterrit au sud de la frontière
texane, entre La Pesca et Brownsville, puis se désagrège
dans la région de Monterrey, où des pluies abondantes sont
enregistrées.
(pression minimale 1007 hPa, vent maximum soutenu 80 km/h le 14)
Tempête tropicale CHRIS
(17 au 19 août) :
Formée à partir d’une perturbation tropicale de type
onde d’est, la dépression tropicale n° 6 est classée
dans la journée du 17 août, alors qu’elle se situe à
quelques 800 km plein est de la Martinique. Tempête tropicale le
lendemain, prénommée CHRIS, elle se dirige vers le nord-ouest
puis perd son potentiel cyclonique peu à peu, alors qu’elle passe
à environ 130 km au nord-est de l’île de Barbuda. Elle n’aura
vécu que 48 heures …
(pression minimale 1005 hPa, vent maximum soutenu 65 km/h le 18)
Ouragan DEBBY (19 au 24 août)
:
Issue d’une « formidable » perturbation africaine, forte
ligne de grains qui s’est développée sur le cœur de l’Afrique
du 11 au 15 août, une zone perturbée tropicale est repérée
le 16 août entre les côtes du Sénégal et les
îles du Cap-Vert. Elle montre alors une organisation tourbillonnaire
associée à un minimum de pression. Il faudra attendre le
centre Atlantique, à mi-distance entre le continent africain et
les Antilles pour que cette perturbation soit classée. C’est la
dépression tropicale n°7, née officiellement le 19 août
après-midi à 1500 km à l’est de Barbade. Elle se déplace
alors vers l’ouest-nord-ouest à 28 km/h. Elle devient tempête,
baptisée DEBBY, le lendemain matin. Poursuivant son déplacement,
elle accélère le 21 et atteint la vitesse de 36 km/h. Le
21, cette forte tempête montre une structure « cisaillée
», le centre dépressionnaire de surface étant alors
à l’ouest de la zone convective principale, le déplacement
de basses couches étant probablement trop rapide. Il s’avère
vite que le mauvais temps associé à cette perturbation est
donc situé en quasi-totalité à l’est et au nord-est
de ce centre. DEBBY connaît de plus une légère inflexion
de son mouvement général vers le nord-ouest, ce qui lui fait
éviter la Guadeloupe et ses îles proches, le centre passant
juste au nord d’Antigua. Atteignant l’intensité d’ouragan de classe
1, le centre (« œil ») de DEBBY passe alors sur Saint-Barthélemy
puis Saint-Martin en fin de nuit du 21 au 22, accompagné de quelques
fortes rafales entre 110 et 140 km/h, mais sans pluies significatives.
Poursuivant son déplacement rapide vers l’ouest-nord-ouest, l’ouragan
peu intense traverse les Iles Vierges le 22 au matin, et passe un peu au
nord de Porto Rico. S’essoufflant, la tempête, qu’elle est redevenue
le 23, longe les côtes nord de la République Dominicaine et
Haïti, puis se dissipe alors que le centre passe juste au sud de Cuba
…
(classe 1 : pression minimale 994 hPa, vent maximum soutenu 120 km/h
le 22)
Tempête tropicale ERNESTO
(1er au 3 septembre) :
Une onde d’est montre des signes d’organisation tourbillonnaire les
29 et 30 août près de l’archipel du Cap-Vert. Les 31 et 1er
septembre verront cette perturbation se déplacer vers l’ouest, son
potentiel cyclonique restant intact, ce qui amène le NHC à
la classer en soirée dépression n°8 (à 00 UTC
le 2). Elle est vite tempête tropicale, et ERNESTO se déplace
alors vers l’ouest-nord-ouest, influencé par le thalweg de haute
altitude qui se maintient à proximité de l’arc antillais.
Alors qu’elle évite assez largement les îles des Petites Antilles,
en passant à plus de 500 km au nord-est, sa structure « cisaillée
» a raison d’elle et elle se dissipe finalement en fin de journée
du 3, n’ayant vécu qu’à peine 48 heures …
(pression minimale 1005 hPa, vent maximum soutenu 65 km/h le 2)
Dépression tropicale
n° 9 (8 et 9 septembre) :
Une zone pluvieuse de dimension modeste s’organise un peu en fin de
journée du 8 septembre dans le nord du Golfe du Mexique. Sa situation
à moins de 200 km au sud de Galveston au Texas amène le NHC
à la classer dépression tropicale n°9 assez rapidement.
Moins de 12 heures plus tard, le 9 au matin, le centre dépressionnaire
n’est plus discernable et la perturbation est déclassée.
(pression minimale 1007 hPa, vent maximum soutenu 55 km/h le 8)
Ouragan FLORENCE (11 au 17
septembre) :
Une zone de basses pressions située entre l’archipel des Bermudes
et la Floride acquiert des caractéristiques tropicales, et une dépression
tropicale, petite de taille, est classée le 11 septembre au matin.
C’est la D.T. n°10, qui devient vite tempête tropicale FLORENCE
quasi-stationnaire à 750 km à l’ENE des côtes de Floride,
puis ouragan le 12 après-midi. Après avoir accompli une sorte
de boucle dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, en s’affaiblissant
tempête d’intensité modérée, elle va entamer
le 15 un déplacement plus franc vers le nord-est. Redevenant ouragan
de classe 1, FLORENCE passe au nord des Bermudes le 16 au matin, puis perd
ses caractéristiques tropicales tout près de Terre-Neuve
le 17 …
(classe 1 : pression minimale 985 hPa, vent maximum soutenu 130 km/h
le 16)
Ouragan GORDON (14 au 18 septembre)
:
Issue d’une onde tropicale ayant intéressé les Petites
Antilles puis la Mer des Caraïbes, une zone convective située
entre le Yucatan et Cuba est classée le 14 au petit matin. C’est
la dépression tropicale n°11, centrée près de
l’extrémité nord-est de la presqu’île du Yucatan au
Mexique. Après avoir déversé des pluies abondantes
sur cette région et le Guatemala, où l’on dénombrera
d’ailleurs 19 morts, elle atteint le Golfe du Mexique et se renforce. La
tempête GORDON se déplace alors en direction de la Floride,
devient pendant moins d’une journée ouragan de classe 1, puis s’affaiblit
le 17 avant d’aborder les côtes américaines. La tempête
pénètre sur le nord de la Floride et se désagrège
au-dessus des terres de la Georgie …
(classe 1 : pression minimale 981 hPa, vent maximum soutenu 120 km/h
le 17)
Tempête tropicale HELENE
(15 au 16 septembre puis 19 au 22 septembre) :
Formée le 15 septembre en mi-journée, à partir
d’une onde tropicale forte associée à un minimum de pression
à environ 900 km à l’est de la Dominique, la dépression
n°12 sera très éphémère sur l’Atlantique.
En effet, elle se dissipe 24 heures plus tard avant d’aborder la moitié
nord de l’arc antillais sous forme de système pluvio-orageux actif
de la Guadeloupe aux Iles Vierges … Ce système se réorganise
3 jours plus tard au sud de Cuba et redevient dépression tropicale.
Arrivée dans le Golfe du Mexique, elle se renforce, atteint le stade
de tempête et est baptisée HELENE le 21 au matin. Durant sa
remontée vers le nord, elle ne se renforce plus et touche sous forme
très atténuée l’ouest de la Floride dans la région
de Pensacola. La dépression tropicale se désagrège
alors rapidement sur les terres de Georgie le 22 en cours d’après-midi.
(pression minimale 996 hPa, vent maximum soutenu 100 km/h le 21)
Ouragan ISAAC (21 septembre
au 1er octobre) :
Issue d’une « magnifique » ligne de grains africaine, la
dépression tropicale n°13 apparaît près des îles
du Cap-Vert. Elle se renforce graduellement, tempête le 22, puis
ouragan le 23 en mi-journée. Atteignant très vite l’intensité
de classe 3, ISAAC suit alors une trajectoire régulière vers
l’ouest-nord-ouest pas très rapide entre Afrique et Antilles. Il
s’affaiblit les 25 et 26 à l’intensité de classe 2 puis 1
et continue sa remontée vers le centre Atlantique, sans menacer
de territoires. Il se renforce de nouveau, atteignant temporairement la
classe 4 le 28 au nord du tropique, et c’est un ouragan intense qui passe
à plus de 800 km à l’est des Bermudes alors qu’il faiblit
et s’oriente vers le nord-est. Sa fin de vie tropicale est classique avec
un passage à plus de 1200 km au nord-ouest des Açores …
(classe 4 : pression minimale 943 hPa, vent maximum soutenu 220 km/h
le 28)
Ouragan JOYCE (25 septembre
au 2 octobre) :
Issue d’une onde tropicale qui se structure à proximité
de l’archipel du Cap-Vert, la dépression tropicale n°14 naît
le 25 septembre dans une position très méridionale vers 11°Nord.
Tempête tropicale, baptisée JOYCE au cours de la nuit suivante,
elle se déplace vers l’ouest à distance du cyclone ISAAC
situé dans son nord-ouest. Le 27, elle se renforce et devient ouragan
de classe 1. Descendant alors jusque vers 10,5°Nord les 28 et 29, elle
s’affaiblit nettement, la tempête tropicale reprenant ensuite une
trajectoire vers l’ouest en s’approchant des îles antillaises. Elle
passe sous forme de tempête d’intensité faible entre Trinidad
et Grenade, puis pénètre dans la Mer des Caraïbes. Elle
se désagrège un peu à l’est des îles hollandaises
de Bonnaire et Curaçao le 2 octobre au matin …
(classe 1 : pression minimale 976 hPa, vent maximum soutenu 150 km/h
le 28)
Ouragan KEITH (28 septembre
au 6 octobre) :
Une zone perturbée montre un début d’organisation tourbillonnaire
le 27 septembre dans l’extrême ouest de la Mer des Caraïbes.
La dépression tropicale n°15 est classée le 28 à
quelques 100 km au NE des côtes du Honduras. Tempête le lendemain,
prénommée KEITH, son développement va s’avérer
très rapide dans la journée du 30, puisqu’atteignant la catégorie
4 des ouragans en fin de nuit suivante. Cet ouragan stationnaire dès
le 29 entre le nord du Honduras et les côtes du Belize tout proche,
va sévir plusieurs jours sur ces régions d’Amérique
Centrale, avec des vents violents, une mer déchaînée
et des pluies diluviennes. Entrant sur les terres le 2 octobre juste au
sud de la baie de Chetumal (frontière Belize – Mexique), les vents
s’affaiblissent rapidement ; le 3, elle n’est plus qu’une dépression
pluvieuse traversant le Yucatan, puis rejoint le Golfe du Mexique, au niveau
de la Baie de Campêche. KEITH reprend de la vigueur, et atteint l’intensité
d’ouragan de classe 1 (150 km/h) avant de pénétrer sur le
territoire mexicain entre Tampico et la frontière du Texas. Il se
désagrége sur le nord du Mexique dans la nuit du 5 au 6 ….
(classe 4 : pression minimale 942 hPa, vent maximum soutenu 215 km/h
le 1er)
Tempête tropicale LESLIE
(4 au 7 octobre) :
La dépression subtropicale n°1 voit le jour le 4 octobre
dans les parages de la Floride, à partir d’une perturbation venue
du continent nord-américain responsable d’inondations dans le sud
de l’état, et qui a trouvé une alimentation d’air tropical
dans l’est du Golfe du Mexique. Ses caractéristiques tropicales
étant plus significatives le 5, elle devient tempête tropicale,
LESLIE s’éloignant alors des côtes en direction du nord-est
dans l’Océan Atlantique. Elle rejoint alors un front froid au sud
de Terre-Neuve le 7 en soirée …
(pression minimale 1006 hPa, vent maximum soutenu 65 km/h le 5)
Ouragan MICHAEL (16 au 19
octobre) :
Une zone perturbée d’origine froide montre des vélléités
tropicales au large de la Floride le 16 octobre. En soirée, elle
est classée dépression tropicale n°17 et atteint en cours
de nuit le stade de tempête tropicale. MICHAEL bouge peu entre Bahamas
et Bermudes le 17 puis commence à se diriger vers le nord-est, alors
qu’il atteint l’intensité d’ouragan. Cet ouragan passe à
400 km à l’ouest des Bermudes le 18, puis se renforce alors qu’il
remonte vers le nors plus franchement. Ouragan de classe 2 le 19, il perd
peu après ses caractéristiques tropicales en soirée
(20 octobre vers 00 UTC) en atteignant Terre-Neuve ….
(classe 2 : pression minimale 965 hPa, vent maximum soutenu 160 km/h
le 19)
Tempête tropicale NADINE
(19 au 22 octobre) :
La dépression tropicale n°18 voit le jour le 19 octobre
à 1300 km au nord-est des Petites Antilles, à partir d’une
zone dépressionnaire d’altitude qui a acquis des caractéristiques
tropicales. La zone convective principale se développe et moins
de 24 heures plus tard, la tempête tropicale NADINE est classée.
S’éloignant vers le centre Atlantique, entre les archipels des Bermudes
à l’ouest et des Açores à l’est, elle franchit le
35°Nord en fin de journée du 21 et devient tempête extra-tropicale
…
(pression minimale 997 hPa, vent maximum soutenu 90 km/h le 21)
Un bilan des 6 dernières années de 1995 à 2000 fait apparaître un total de 79 phénomènes cycloniques baptisés (moyenne annuelle de 13,2), parmi lesquels 49 ont atteint l’intensité d’ouragan (8,2 en moyenne annuelle). Sur ces 49 ouragans, 22 peuvent être qualifiés d’intenses (cat > ou = 3 ) avec des vents maximums soutenus ayant dépassé 180 km/h, soit une moyenne de 3,7 par an …