En 2013, l’activité de la saison cyclonique sur l’Atlantique nord et la Mer des Caraïbes s’annonce supérieure à la normale.
La plupart des différents modèles de prévisions saisonnières utilisés par les experts météorologiques de pays situés de part et d’autre de l’Atlantique convergent pour donner des estimations similaires de la prochaine saison cyclonique.
Le nombre prévu de cyclones nommés (tempêtes tropicales ou ouragans) est le plus souvent compris entre 13 et 18 alors que la moyenne, sur la période 1981/2010, est de 12 (dont 6 ouragans).
L’énergie potentielle cyclonique (ACE) prévue, qui prend en compte à la fois intensité et durée de vie des cyclones, est le plus souvent prévue au-dessus de la valeur moyenne .
Ces prévisions se rapprochent de l’activité observée ces 3 dernières années
En effet, la saison 2010, qui fut une année plutôt remarquable, avec 19 cyclones nommés, dont 12 ouragans (et 5 majeurs) a été suivie d’une saison 2011 également active, puisque l’on a dénombré 19 cyclones nommés, dont 7 ouragans.En 2012, on relève encore 19 cyclones nommés, dont 9 tempêtes tropicales et 10 ouragans (incluant 2 majeurs, dont Sandy qui a durement frappé la côté Est des Etats Unis).
En ce début de saison 2013, quatre phénomènes cycloniques ont déjà vu le jour. Deux en juin, deux en juillet. Andrea et Barry ont pris naissance dans le golfe du Mexique, Chantal et Dorian en Atlantique. La tempête tropicale Chantal a traversé l’arc antillais le 9 juillet. Depuis 1900, ce n’était que le 3ème cyclone à passer si près de la Martinique en juillet. La NOAA considère que la génération et circulation de ces 2 systèmes sur le centre Atlantique tropical, en début de saison, est un argument supplémentaire en faveur d’une saison plutôt active
Plus largement, la prévision s’appuie sur la conjonction d’une anomalie positive des températures de surface de la mer dans la zone de développement privilégiée des cyclones (bien qu’en légère baisse par rapport aux années précédentes), d’une phase Enso (El Niño-oscillation australe) s’annonçant plutôt neutre, et tout ceci essentiellement dans le contexte persistant d’une période de forte activité multidécennale, période qui a commencé en 1995.
Seul le modèle français (Arpège-Climat) prévoit un refroidissement des températures de surface de l’océan, ce qui a nécessairement un impact modérateur sur les prévisions d’activité cyclonique.
Récapitulatif des dernières prévisions de divers services météorologiques 2013
| Paramètres |
Moyenne
(1981-2010) |
NOAA’s
Climate Prediction Center
(USA)
au 8 août |
ECMWF
(Centre européen
de prévisions)
Angleterre
au 1er juillet |
EUROSIP
(ECMWF+
Météo-France)
au 1er juillet |
TSR Site web
Tropical Storm Risks Angleterre
au 1er août |
UKMet Office
(previs au
15 mai 2013) |
Prévisions Klotzbach-Gray Université Colorado
au 2 août |
Insmet Cuba
au 1er août |
| Nombre de cyclones nommés |
12 |
13-19 |
14.5 (±3.3) |
13.9 (±3.2) |
14.8 (±2.9) |
14 (±4) |
18 |
18 |
| dont Nombre d'ouragans |
6 |
6-9 |
. |
. |
6.9 (±1.8) |
9 (±5) |
8 |
9 |
Nombre d'ouragans intenses
(à partir de la catégorie 3) |
3 |
3-5 |
. |
. |
3.0 (±1.2) |
. |
3 |
. |
ACE (x 104 kt2)* Accumulated Cyclone
Energy Index Ou: Index d’énergie
cyclonique cumulée (sur la saison) |
93 |
111/176 |
. |
. |
121 (±38) |
130
(le + probable) (±54) |
142 |
. |
http://hurricane.atmos.colostate.edu/Forecasts/
http://www.tropicalstormrisk.com/
http://www.cpc.noaa.gov/products/outlooks/hurricane.shtml
http://www.metoffice.gov.uk/weather/tropicalcyclone/seasonal/northatlantic2012
http://www.ecmwf.int/products/forecasts
Ces prévisions restent à prendre avec recul, car sont empreintes d’une certaine incertitude, notamment (mais pas seulement) en ce qui concerne les trajectoires pouvant toucher directement les îles.
Quelques facteurs favorables à l’activité cyclonique
Le cycle de forte activité cyclonique n’est pas terminé.
Depuis 1995, le signal tropical multi-décennal est favorable à une activité cyclonique soutenue sur l’Atlantique Nord. Sur la période 1995/2012, la moyenne de cyclones nommées est de 15, dont 8 ouragans (4 majeurs). Les observations de ce début de saison (notamment de la mousson africaine) confirment que l’on est encore dans ce cycle
En étudiant l’évolution globale de la pression atmosphérique et de la température des océans au cours du 20ème siècle, les chercheurs ont mis en évidence deux signaux climatiques naturels.
Le premier dit multi-décennal se reproduit avec une période supérieure à 40 ans.
Le deuxième dit quasi-décennal est de périodicité plus courte : 8 à 14 ans
Ainsi, dans l’océan Atlantique Nord les anomalies de température de surface de la mer (ou SST) ont changé trois fois de signe au cours du siècle dernier : la période de 1900 à 1928 (signe négatif) correspond à une phase de refroidissement, celle de 1928 à 1965 à une phase de réchauffement, et celle de 1968 à 1995 à une nouvelle phase de refroidissement. Cette oscillation Atlantique multi-décennale, aussi appelée AMO (Atlantic Multidecadal Oscillation) est la composante d’un signal climatique global de périodicité supérieure à 40 ans.
L’activité liée au signal multi-décennal est également modulée par le signal de type quasi-décennal comme on peut par exemple l’observer en 1979 et en 1990, ou en 1999 (8 cyclones nommés, ACE= 40) et 2009 (9 cyclones nommés, ACE= 51)
- Des températures légèrement au-dessus de la normale sur une partie de l’Atlantique tropical ( zone de développement privilégiée)
La carte d’anomalies de la température de surface de la mer (origine NOAA) ci-dessous, sur le premier semestre 2013, montre effectivement des anomalies positives sur l’Atlantique tropical, et notamment à proximité de l’arc antillais. La plupart des modèles maintiennent ces faibles valeurs positives en prévision (exemple des prévisions du centre européen de prévisions, ECMWF, pour septembre-octobre-novembre
- Une phase ENSO prévue neutre
Un phénomène El Niño marqué est plutôt synonyme de « faible » saison cyclonique sur l’Atlantique nord et la mer Caraïbe. En revanche, un épisode El Niña correspond généralement à un renforcement de l’activité cyclonique sur ces mêmes bassins. Ainsi, en 2009, le phénomène El Niño a inhibé l’activité cyclonique sur nos régions
Pour cette saison, les prévisions penchent en faveur d’une phase neutre de l’ENSO
Le site de l’IRI (International Resarch Institute) et du CPC (Climate Prediction Cnter) regroupe les résultats d’un ensemble de modèles et donne un assez large éventail de prévisions à long terme de l’ENSO.
Prévisions communiquées début août 2013 pour la région Niño 3.4 (voir légende ci-dessous):
Pour la période août-septembre-octobre, les prévisions donnent 19% chances pour une évolution en La Niña (bleu), 8% en El Niño (rouge), et 73% pour une phase neutre (vert).
